Gérald ROLLO

Judo - 2016


Qui est-il ?

Né le 11 mars 1968, le lorientais a débuté le judo à l'âge de sept ans et est devenu déficient visuel à vingt ans suite à la maladie de Leber.

 

Gérald ROLLO,  "Mes cinq Jeux Paralympiques"

 

Multiple champion de France, d'Europe ou du monde en judo handisport, désormais entraîneur à Frébault, le Lorientais Gérald Rollo, malvoyant, a participé à cinq olympiades. « Cela n'a rien à voir avec d'autres compétitions, c'est un autre monde ». À l'heure où débutent les Jeux Paralympiques, il nous livre son classement tout personnel.

 

1. Barcelone 1992. 

« Mes premiers jeux, à 22 ans, j'étais champion de France. Les qualifications sont devenues plus dures ensuite puisqu'il fallait être dans les seize meilleurs mondiaux. Je me suis cassé la jambe en demi-finale. Une déception immense. Vite effacée par l'ambiance. Très espagnole. En plus, la culture du handicap y était bien plus implantée que chez nous. Même si je n'ai pas eu de médaille, cela reste mes meilleurs jeux. Avec de sacrés souvenirs. Comme cet athlète sans bras, en retard pour venir me prendre, et qui s'était cassé une dent en repassant. Nous étions tous avec des handicaps différents, on se retrouvait, c'était très sympa. Quand nous avions fini nos épreuves, on s'encourageait les uns les autres ».

 

 2. Sydney 2000. 

« Quinze jours avant, ma femme apprend qu'elle a un important problème médical. La médaille, c'est pour elle. Je perds contre un Américain en demi alors que je lui ai mis une technique. Malheureusement il n'y avait pas la vidéo à l'époque. C'est l'année où je suis le plus fort. Je prends le bronze contre un Allemand. J'étais content mais le coeur n'y était pas. Et le plus dur, c'est qu'on ne peut pas rentrer plus tôt, sinon on le paie de notre poche. J'ai vu d'autres épreuves. Enfin, vu... ressenti. Je me souviens d'un unijambiste qui saute à 2,04 m. Incroyable. L'Australie a aussi une grosse culture du handicap. Ils faisaient venir des écoles lors des compétitions ».

 

 

 

Son Plamarès:

2 médailles aux Jeux (argent en 1996 à Atlanta et bronze en 2000 à Sydney),

un titre de champion du Monde en 1998,

7 titres de champion d'Europe,

 

34 titres de champion de France.


(suite de l'article...)

 

3. Atlanta 1996. 

« Les jeux de Coca. D'ailleurs j'ai mangé avec le maire qui nous a fait visiter l'usine. Après les petites maisons de Barcelone au village olympique, place aux buildings. Tous dans la même case. Et sécurité à fond. La restauration n'était pas terrible. Pour la première fois, les places en public sont payantes. Je perds en finale contre un Japonais, il était au dessus, après avoir battu un Américain dans sa salle. Ça criait " USA, USA ". Ma tristesse d'échouer en finale est vite partie. J'ai appelé ma famille, en oubliant qu'il était 3 h du matin pour eux. Ils dormaient. Ma prime était de 4.000 francs. Avec celles d'aujourd'hui, les mêmes que pour les valides, j'aurais fait venir ma famille. Mais ils étaient présents à l'Élysée ».

 

4. Pékin 2008. 

« Ma femme et mon fils sont du voyage. Je rate le bronze contre un Japonais qui refuse de faire du jeu. L'enceinte était belle, sur le tatami nous n'entendions pas du tout la foule. Et ce n'est pas plus mal quand vous ne voyez pas et que vous devez écouter votre coach. Après, on a fait de belles visites en famille ».

 

5. Athènes 2004. 

« Je n'ai pas aimé. J'étais fatigué par un sacré régime pour passer de 83 kg à moins de 73 kg. 9e place, grosse contre-performance. Et mon meilleur ami a été touché à l'oeil durant son combat, il est devenu aveugle. On partageait la même chambre. Dans la rue, je n'ai ressenti aucun engouement. Par contre, comme pour tous les JO, on ressent un froid quand la flamme s'éteint, c'est triste ».

 

 

(Article original Le Télégramme.fr - le 7.09.2016)